
"La quête d'un Design plus vert et écologiquement responsable n'est pas une question de mode, mais de survie"
Dès les années 1960 et 1970, à l’heure où la société industrielle s’éveille aux défis environnementaux, Norman Foster prend part à l’émergence du mouvement écologique comme à son développement au cours de projets plus contemporains.

Né en 1935 à Manchester il est diplômé en Architecture et Urbanisme en 1961, puis il obtient une Maitrise en Architecture à l’Université de Yale en 1962. Il y rencontre Richard Rogers avec lequel, et leurs épouses, ils créeront la Team4.
Au cours de ses 63 années de carrière il a obtenu de nombreuses distinctions dont la médaille d'or royale pour l'architecture en 1983, le Prix Mies van der Rohe et surtout le prestigieux prix Pritzker en 1999.
Souvent associé au mouvement High-Tech il refuse cette idée et préfère une approche « skin and bones » mais à la différence de Mies Van der Rohe, il préfère laisser apparaitre la structure. C’est ce qu’il met en application le Sainsbury Centre for Visual Arts.

Un architecte engagé pour une écologie globale et durable :
La notion d’environnement est centrale dans le travail de Norman Foster, dans son approche holistique il s’associera dès 1971 à Richard Buckminster Fuller pour étudier le concept d’« Autonomous house » et le projet « Climatroffice » puis il étudiera en 1975 un projet pour l’ile de La Gomera aux canaries.
Le concept de maison autonome ne se concentre pas uniquement sur l’eau et l’énergie nécessaire à son fonctionnement mais également sur le réemploie de matériaux divers qui vont servir à sa construction. Stoppé en 1983 avec le décès de Fuller le concept est actuellement repris par la Fondation Norman Foster pour la Maison autonome du Château La Coste à Aix-en-Provence.


Sur le projet « Climatroffice » l’idée est d’ouvrir les bureaux sur un extérieur végétalisé, l’ensemble étant protégé par une bulle de verre. On y retrouve la légèreté des structures que Fuller développera dans ses dômes Géodésiques.

Ils collaboreront pendant 13 ans et son ami « Bucky » restera pour lui une source d’inspiration. Il en dira : « Il n’était pas simplement un visionnaire technocrate, mais l’essence même d’une conscience morale, mettant constamment en garde contre la fragilité de la planète et la responsabilité de l’homme de la protéger. »
Un autre exemple de sa gestion globale et systémique des environnements, et de son engagement pour un développement durable est son plan d’urbanisme pour La Gomera en 1975. Le défi était : « Faire d’une île encore arriérée le paradigme de la durabilité face au tourisme naissant qui commençait à décoller aux îles Canaries ».
Bien que son ambitieux projet n’ait pas abouti, La Goméra est tout de même devenu une réserve de la biosphère, et de ce point de vue on peut dire que Foster était un visionnaire.

Dans ces 2 exemples, l’apport de lumière, le recyclage des déchets, la récupération de l’eau, la vie dans un milieu naturel (quitte à le recréer), la qualité de l’air,… sont des axes majeurs de réflexion anticipant, il y a 50 ans, nos besoins d’aujourd’hui.
Plus récemment Foster a étudié 3 projets éco-responsables dont 2 se sont concrétisés :
L’ Apple Park inauguré en 2017 dont 80% sont réservés aux espaces verts, alimenté à 100% par l'énergie solaire, dont l'eau ets recyclée pour irriguer les 9000 arbres du parc et dont la clim et le chauffage sont inutiles 9 mois sur 12 !

Masdar City à Abbu Dhabi un ambitieux projet dont l'objectif était 0% d’émission de carbone et 0 déchets, malheureusement cette cité restera à l’état de projet.

Le siège de Bloomberg dans le quartier de La City à Londres en 2017, composé de 2 bâtiments reliés par des passerelles qui surplombent une arcade piétonnière. Il s'agit du bâtiment certifié le plus écoresponsable au monde, avec recyclage de l'eau de pluie pour les toilettes, un éclairage assuré par 500.000 LED, des "pétales d'aluminium" pour diffuser la lumière, refroidir le bâtiment et atténuer le bruit.


Une réflexion sur l’énergie:
« Il est impératif d’ouvrir l’accès à l’énergie à tous les habitants du globe, en particulier aux 14 % de la population mondiale qui n’ont pas accès à l’électricité, à des installations sanitaires modernes, ni à l’eau potable. »
Comme tout visionnaires Norman Foster pense la production d’énergie de demain. A l’image des technologies de communications actuelles il imagine une « éphémérisation » de la distribution électrique. C’est-à-dire la compacité des moyens de production, la disparition des grandes centrales, des fils qui traversent nos paysages.
‘Ma vision d’un avenir durable est ancrée dans la production propre d’énergie électrique, qui est au cœur de la lutte contre le réchauffement climatique. »
Sans renier le solaire et l’éolien, il promeut le nucléaire pour remplacer les centrales au charbon. Un micro-nucléaire dans un container de 6m pour alimenter des petites villes ou des quartiers et apporter l’électricité dans les coins les plus reculés de notre planète.
Il y voit « des villes plus propres, plus silencieuses et plus vertes », il prévoit également « des quartiers plus mixtes et praticables, une plantation d’arbre à grande échelle créant des microclimats agréables et une plus grande biodiversité, une agriculture urbaine fournissant des produits plus frais et de meilleure qualité au sein des villes»


Urbanisme/Infrastructure :
Norman Foster considère 2 types de réseaux les physiques et les invisibles mais ils se résument finalement à la matérialité d’un élément construit. « Pour les réseaux physiques d’un aéroport ou du métro l’architecture devrait vous guider sans effort ».
Lorsqu’un réseau invisible descend jusqu’au sol comme pour la tour de télécommunications Collserola à Barcelone « C’est l’occasion de le célébrer ». La tour touche le sol de façon très légère et s’élance pour disparaitre dans le ciel.

L’automobile et l’aviation :
Amoureux de technologies il s’est inévitablement intéressé aux engins motorisés que ce soit aux avions, qu’il pilotait, ou aux automobiles.
Il possède une quinzaine de voitures dont une réplique de la Dymaxion de son ami Buckminster Fuller, une DS cabriolet, une sublime Jaguar type E ou la Voisin C7 de Le Corbusier qui s’en servit comme mètre étalon pour l’écartement des piliers de la Villa Savoy.

Les techniques développées pour l’automobile vont l’inspirer pour 2 bâtiments : L’usine Renault de Swindon et la tour HSBC de Hong Kong.
En 1982 pour l’usine Renault c’est la conception des Lotus qui va l’inspirer. En adoptant le précepte de Colin Chapman ‘Light is right » il va concevoir une structure visible à l’extérieur de la construction, c’est elle qui va guider l’architecture. La technologie et l’ingénierie deviennent l’ADN du bâtiment.

En 1987, pour la tour HSBC c’est la Mercédès 300SL et ses flancs en tube d’acier en treillis qui va l’inspirer. Il va reprendre cet entrelacs de poutre pour monter sa tour à 179m de haut. Lui ouvrant ainsi les portes du marché des gratte-ciels.
Il reprendra ce même principe de treillis pour la tour Hearst de New York et le 30St Mary Axis de Londres mais placé à l’extérieur pour libérer l’espace intérieur.

L’aviation l’inspire également par la finesse des planeurs et leurs dépendances aux éléments naturels, mais aussi par l’analogie qu’il en fait avec ses projets : « Si un des critères change tout doit être repensé ».
Les gros avions l’inspirent également comme le Jumbo 747 dont les longues ailes lui ont soufflé l’idée du viaduc de Millau inauguré en 2004.

Philippe Stark dira à son propos : « La technologie a toujours existé, mais nous devons à Norman Foster l’élégance de la technologie. »
Gares, aéroports, buildings, ouvrages d’art, musées, usines, sièges sociaux ….Il est difficile, voire impossible, de se limiter à une petite sélection des constructions de Norman Foster tant ses édifices sont variés et remarquables par leur particularité technique et/ou écologique. Les illustrations ci-dessous ne sont qu’un petit extrait de son œuvre que vous pourrez compléter à l’aide des liens du bas de la page.

























Réalisations auxquelles on doit ajouter 2 projets de bases extra-terrestres. Le premier à la demande de l’ESA en 2013 pour un habitat lunaire et le second en 2015 commandé par la NASA pour un habitat martien.


Et pour terminer sur une note plus terre à terre en Février 2025, l’agence Foster+partners a été sélectionnée avec 4 autres finalistes du concours pour la réalisation du mémorial de la reine Elisabeth II. Sélection finale à l'été 2025.
Ce post est une compilation des articles suivants :
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